Les entreprises européennes pourront donner leur avis sur la CSRD
Le lundi 31 mars, WeAreEurope lance une grande enquête auprès des entreprises de l'UE afin de connaître leur position sur la CSRD.
Cette enquête sera la première au niveau européen à nous aider à découvrir ce que les entreprises pensent réellement de cette directive sur la reporting, une directive au cœur d'un lobbying politique intense lié à la notion de compétitivité.
La Commission a lancé son projet Omnibus, actuellement en discussion au Parlement, afin de refondre ce texte, qui a déjà été adopté et est entré en vigueur dans 20 des 30 pays membres de l'EEE
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La directive CSRD (pour Corporate Sustainability Reporting Directive) est initialement un texte technique visant à harmoniser la production des données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) fournies par les entreprises et à les amener à évaluer à la fois les risques et les opportunités que les crises environnementales et sociales actuelles génèrent pour leurs modèles économiques, mais aussi les impacts que ces entreprises génèrent sur l'environnement et la société. Adoptée le 16 décembre 2022, la CSRD a permis aux entreprises de la « première vague » de produire déjà 200 premiers rapports. 200 first reports.
Mais depuis plusieurs mois, la CSRD est au cœur d'une bataille politique qui a transformé cette directive en bouc émissaire pour compenser le manque de compétitivité européenne. C'est au nom de cet impératif que la Commission européenne a lancé le projet Omnibus visant à modifier une série de textes qui ont permis à son Green Deal, adopté en 2019, de prendre forme.
Le projet Omnibus a été mené à bien dans la précipitation, sans véritable étude d'impact et en consultant un petit nombre de très grandes entreprises cotées en bourse, qui ne sont pas représentatives du tissu économique européen, composé en grande majorité de petites et moyennes entreprises.
Première véritable consultation des entreprises sur la CSRD
La CSRD est accusée par ses détracteurs d'être l'une de ces « normes bureaucratiques insupportables ». Pour ses partisans, elle constitue le meilleur moyen d'harmoniser les données ESG qui sont déjà demandées aujourd'hui de manière non standardisée aux entreprises, tout en évaluant les risques liés aux impacts et aux dépendances qui pèsent sur les entreprises au niveau environnemental et social.
Quelle est l'opinion des entreprises européennes ? C'est ce que révélera l'enquête #WeAreEurope.
En ligne, ciblant 50 000 entreprises européennes, complétée par une douzaine d'entretiens avec des entreprises allemandes, françaises, espagnoles, tchèques, grecques et nordiques, l'enquête se déroulera du 31 mars au 30 avril 2025.
Elle est supervisée par des universitaires issus de grandes écoles et universités européennes telles que la Copenhagen Business School, HEC Paris, le CERCES ou LMU. Les résultats devraient être connus au plus tard le 14 mai.
Si vous êtes responsable de la préparation de la CSRD et travaillez dans l'une des entreprises concernées, voici le lien pour répondre à l'enquête.
Ecoutons nos porte-parole
« Notre objectif est de diffuser les résultats de cette enquête auprès des dirigeants politiques européens et nationaux, des médias et, bien sûr, de la Commission et des ministres européens de l'Économie et des Finances. », explique Alexis Kryceve, porte-parole français du collectif #WeAreEurope. « L'opinion réelle des entreprises européennes fait vraiment défaut et nous empêche d'avoir un échange rationnel, qui nous permette de sortir des postures. »
Pour Markus Adler, porte-parole Allemand du collectif : « En analysant le paysage des entreprises européennes de taille moyenne, nous pouvons obtenir une compréhension fiable de leur position vis-à-vis de la CSRD. À ma connaissance, de nombreuses entreprises allemandes de ce segment ne sont pas fondamentalement opposées à la directive. Elles plaident plutôt pour une simplification de ses exigences, plutôt que pour une déréglementation pure et simple. Il est important que les membres du Parlement européen comprennent cette nuance. »
Le chercheur François Gemenne également parrain de l'initiative, ajoute : « Je participe à ce projet qui me semble décisif pour préserver l'esprit du système européen. Je souhaite contribuer à faire avancer les propositions qui sortiront de cette consultation. Il est absolument nécessaire de connaître l'avis des entreprises européennes sur la CSRD et de le diffuser largement. »
Les trois porte-parole du collectif #WeAreEurope peuvent être contactés pour des interviews via Marilou@haatch.fr +33 6 07 06 29 81
- Alexis Kryceve: questions sur le collectif et ses objectifs
- François Gemenne: en lien avec la recherche et les projets d'enquête du collectif
- Markus Adler: point de vue européen en dehors de la France